Ferrari : la nouvelle structure horizontale est-elle un cache-misère ?

Un département technique en crise

Par Alexandre C.

18 décembre 2016 - 17:21
Ferrari : la nouvelle structure (...)

Depuis maintenant 2007, Ferrari n’a plus remporté de titre pilotes. Brawn, Red Bull ou Mercedes, ont tour à tour dominé la discipline, sans jamais que le Cheval Cabré ne puisse bénéficier de la meilleure monoplace du plateau. Sur la piste, on peut bel et bien parler de crise de résultats. Mais celle-ci n’est que le reflet d’une crise interne, à Maranello, dans le temple de la Scuderia.

Ferrari ne s’est toujours pas vraiment remise des départs de Jean Todt et de Ross Brawn. Stefano Domenicali n’a ainsi pas laissé de souvenirs heureux. Cependant c’est surtout l’aspect technique qui bat de l’aile. Ferrari croyait pourtant avoir déniché la perle rare avec James Allison, l’ancien petit génie de Lotus. Las ! L’Anglais a claqué la porte cette saison, officiellement pour raisons personnelles.

Avec Maurizio Arrivabene à la tête de l’écurie et Mattia Binotto comme directeur technique, Ferrari entend désormais retrouver les sommets. Comme le reconnaît Arrivabene, le nouveau directeur technique n’est pas un « méga-talent ». Mattia Binotto contre Adrian Newey ? Mattia Binotto contre Paddy Lowe et Andy Cowell, Pat Symonds et James Key ? Ce n’est pas faire ombrage à Mattia Binotto que de dire qu’il n’est pas un ponte de la F1. D’ailleurs, il s’agit surtout d’un spécialiste moteur. Or, c’est principalement du côté du châssis que le bât blesse.

Le leadership chez Ferrari semble poser problème, mais qu’on se rassure, nous dit Maurizio Arrivabene ! En réalité, désormais, les personnalités comptent désormais moins à la Scuderia. « Quand il y a une personne comme un ‘méga-talent’, c’est normal que toute l’équipe technique suive ce qu’il dit. Mais nous n’avons pas ce type de personne. Nous travaillons sur une nouvelle structure horizontale, et le coordinateur est Mattia Binotto. »

Les amateurs de science politique diraient que Ferrari est désormais plus girondine que jacobine ; plus décentralisée que centralisée ; plus souple que hiérarchique et pyramidale. Au sein de Maranello désormais, les projets et développements sont supervisés par plusieurs membres-clefs à la fois et non un seul. McLaren a d’ores et déjà adopté cette structure, avec Peter Prodromou, Tim Goss et Matt Morris comme figures de proue. Ferrari entend ainsi plutôt promouvoir des talents en interne.

Hélas ! Ce qui passe pour une décision stratégique pose en vérité question. Tout d’abord, c’est l’efficacité d’une telle structure que l’on peut remettre en doute. McLaren ne brille guère sur le plan aérodynamique depuis plusieurs saisons. Et le très expérimenté Pat Symonds, directeur technique de Williams, de nous conforter dans notre opinion : « Croyez-moi, ça ne fonctionne pas. Ces dernières années, McLaren a elle aussi introduit une hiérarchie non pyramidale. Mais en Formule 1, il faut des ingénieurs qui ont un point de vue affirmé et des experts capables de prendre des décisions sur la voie à emprunter. Ross Brawn en est d’ailleurs un excellent exemple. Rory Byrne aussi. Bien entendu que Ferrari peut renouer avec le succès, mais il leur faudra des personnalités fortes à leur tête. »

La structure horizontale de Ferrari est en vérité une pâle solution de secours. Ferrari a bien cherché à recruter un remplaçant à James Allison en tentant d’attirer James Key (directeur technique de Toro Rosso) et même Ross Brawn. En vain. C’est seulement ensuite que l’écurie a décidé d’adopter cette structure horizontale, arbre qui cache la forêt, ou plutôt le désert chez Ferrari.

Mais bien sûr, tout n’est pas perdu pour la Scuderia. Le budget a été récemment augmenté, et une figure-clef ne fait pas tout. Les espoirs sont donc aussi permis pour 2017, d’autant que James Allison aura aussi contribué à cette monoplace. Deux ingrédients essentiels aux succès passés de Ferrari manquent encore cependant : un grand directeur technique comme Ross Brawn ; et de la stabilité.

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