Il sera important de ne rien oublier dans la nouvelle réglementation moteur

Penser aux aspects technologique et financier

Par Emmanuel Touzot

21 octobre 2017 - 20:16
Il sera important de ne rien oublier

La FIA va annoncer en toute fin de mois la future réglementation concernant les moteurs, qui entrera en vigueur en 2021. Il semblerait que l’on se dirige vers un concept basé sur les moteurs actuels, simplifiés et surtout beaucoup moins coûteux.

"Nous avons hâte de voir ce que ces règles seront" explique Zak Brown pour McLaren. "Nous avons entendu des bribes de ce qu’il sera et je pense que tout le monde va être d’accord. Nous avons besoin de moteurs moins chers. Nous avons besoin de budgets plus serrés et les moteurs sont un élément clé. Je pense que les constructeurs dans le sport sont très importants et l’ont toujours été, mais il serait bien d’avoir un ou deux moteurs indépendants afin d’avoir d’autres solutions".

"Nous espérons que les règles mises en place permettront aux constructeurs de profiter de la Formule 1 tout en donnant la chance à des indépendants de s’y engager et d’amener des moteurs plus économiques mais compétitifs, afin que les équipes aient des choix multiples".

Du côté de Mercedes, Toto Wolff veut que la F1 continue à attirer des grands noms de l’automobile, comme elle le fait actuellement.

"Nous avons plusieurs constructeurs impliqués ans notre sport, contrairement à d’autres disciplines où les constructeurs sont partis, et nous ne devons pas oublier que c’est l’un des piliers de la F1. Mais je suis d’accord avec Zak, nous sommes ouverts aux règles à venir".

"Nous savons que la technologie est importante en Formule 1 et il ne faudrait pas la rendre trop peu technologique, tout en permettant aux constructeurs indépendants de s’engager, comme Aston Martin par exemple, ce qui serait bien pour notre discipline. Plus nous attirons de marques, plus notre discipline sera intéressante. Nous sommes très intéressés de connaître l’avis de la FIA et de la FOM à ce sujet".

"Nous avons entendu beaucoup de variations techniques sur ce que ce moteur pourrait être, donc il est difficile de spéculer" explique quant à lui Gene Haas. "Je pense que ce sera plus simple, on va certainement abandonner le MGU-H et je crois que ce sera une bonne chose, mais je pense qu’il faut surtout avoir des spécifications qui permettent à des constructeurs de s’engager et dessiner un moteur".

"Il faut aussi pouvoir dessiner la transmission car sans elle, cela limite les choix de moteurs. Ce serait bien d’avoir des spécifications pour la transmission afin de n’avoir qu’un seul fournisseur pour l’ensemble. Le moteur et la transmission ne sont qu’un ensemble désormais et il est difficile de les séparer tout en les faisant travailler ensemble".

L’idée d’une Formule 1 à quatre roues motrices a été envisagée, en rendant les roues avant motrices grâce à des générateurs de puissance de type KERS, ou de petits moteurs électriques. On a vu cette solution apparaître sur les voitures de série au travers de la Honda NSX de dernière génération, sur laquelle des générateurs ont été fixés aux roues avant.

"Je pense en effet que la technologie est importante" poursuit Toto Wolff. "Si nous n’avons plus le MGU-H, il faut réussir à compenser les 60% d’énergie que nous perdrons. Il y a différentes possibilités et ces générateurs à l’avant en sont une. Nous ne sommes pas arrêtés sur cette décision mais il faut discuter de toutes les technologies possibles qui peuvent compenser le manque de puissance".

Robert Fernley, directeur adjoint de Force India, va dans le sens d’une F1 qui reste très avancée.

"Les technologies sont bienvenues, mais je crois qu’il faut aussi garder à l’idée de baisser les coûts du moteur. Si le fait de passer à une technologie à quatre roues motrices augmente les coûts, cela met en échec notre objectif".

"Quatre roues motrices sont entièrement faisables mais comme tout, il faut voir les chiffres impliqués" préfère prudemment avancer Gene Haas. "Nous parlons avec Ferrari à ce sujet et ils ont dit que si l’on supprimait le MGU-H et qu’il était remplacé par des générateurs aux roues avant, on ne récupérerait pas assez d’énergie. C’est un piège dans lequel la F1 s’est mise en choisissant ces moteurs".

"Cela semblait être une bonne idée mais au fur et à mesure de la conception, il est apparu que c’était très complexe. Il faut féliciter Mercedes pour avoir réussi avec cela. Les autres équipes ont eu des difficultés et je pense qu’il faut être prudents avant de lancer l’idée d’une F1 à quatre roues motrices, car une équipe pourrait réussir parfaitement tandis que les autres auraient des difficultés. Je pense que la simplicité est meilleure".

Liberty Media et le la Formule 1 ont plusieurs fois parlé de la future réglementation moteur et semblent tenir les rênes pour en décider, mais les motoristes se sont déjà regroupés à ce sujet. De fait, il est difficile de savoir de qui viendra la décision.

"La FOM et la FIA ont cherché des faits concrets sur lesquels se baser. Nous n’avons pas été impliqués et nous n’avons rien entendu, donc nous voulons connaître leur vision. Il y a deux réunions prévues dans les prochaines semaines, donc je ne peux pas en dire plus" reconnaît Toto Wolff.

Gene Haas, tout comme Wolff, ne fait que deviner ce qu’il pourra en être.

"Je pense qu’une délégation technique s’est réunie et a discuté de tout cela, c’est à eux de trouver une solution. Je pense que les constructeurs motoristes doivent trouver un accord et la FIA établit ensuite des règles à ce sujet".

"C’est sûrement là que réside la confusion puisque les propriétaires ont leur propre agenda, mais la FIA sait aussi ce qu’elle veut même si ce n’est pas toujours évident technologiquement. Le résultat de ce genre de décisions est souvent un produit qui ne rend personne heureux. Je pense qu’il faut vraiment se baser sur les coûts pour tenter de faire un ensemble que toutes les équipes, ou du moins les petites, pourront s’offrir tout en survivant".

Pour Zak Brown, il faut avant tout prévoir les conséquences de chaque action qui sera établie.

"Il faut comprendre que la FIA et la F1 collaborent et communiquent, donc lorsqu’un des deux organismes explique son plan, il faut comprendre que les deux ont travaillé conjointement dessus. Il faut espérer qu’une bonne collaboration les fera avancer afin que tout ait été bien pensé quand chaque technologie sera introduite, car ce n’est pas toujours le cas".

"Prenons le cas de l’aileron de requin. Il bloque très clairement le sponsoring sur l’aileron arrière et je crois que personne n’y a pensé, mais quand vous parlez à vos partenaires, vous vous rendez compte que l’aileron arrière était très vendeur et qu’il l’est bien moins à cause de l’aileron de requin. J’espère que tout le monde travaillera mieux ensemble, posera les bonnes questions afin d’en sortir avec les bonnes solutions".

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