Lauda : Prost était pénible !

Un dur à cuire

Par Franck Drui

2 juillet 2017 - 18:12
Lauda : Prost était pénible !

Niki Lauda n’est pas que le directeur non exécutif de l’écurie Mercedes. Il est avant tout une légende de la Formule 1, qui a piloté roue contre roue face à d’autres grands noms du sport.

Et il se remémore le face-à-face qu’il a eu avec Alain Prost, un des duels les plus durs de sa carrière.

Le triple champion du monde révèle comment Prost est devenu par hasard son coéquipier.

"Alain Prost était pénible ! lance-t-il dans une interview confiée au Frankfurter Allgemeine Zeitung.

"Après mon retour en 1982, j’ai développé la voiture. Et parce que mon coéquipier chez McLaren, John Watson, n’avait pas signé son contrat à cause d’une altercation avec Ron Dennis pour une somme de 5000 dollars – il a été con, je lui ai proposé de lui payer les 5000 balles (sic) – c’est Prost qui a eu le cockpit en novembre 1983. Il s’était fait viré de chez Renault. Et c’est ainsi que je suis tombé en panne lors de la première course en 1984 au Brésil alors que j’étais devant Prost, et que j’ai vu à la télévision, comment il a gagné avec ma voiture. Ҫa m’a énervé !"

Cette saison 1984 a été dure pour l’Autrichien, qui a trouvé en la personne du Français un rival aussi tenace que lui.

"En qualifications nous avions le droit à 1200 chevaux au lieu de 600 et des pneus de qualification pour un tour. J’ai détesté ça. Prost était toujours plus rapide. Je pensais à chaque fois que j’allais le battre, mais je n’ai jamais réussi à l’approcher à moins de 2 dixièmes de seconde. Alors j’ai changé ma stratégie et je me suis concentré sur la course. Ҫa a suffi pour décrocher le titre pour un demi-point."

Ce duel a permis à Lauda de sortir le meilleur de lui-même.

"Oui, Prost m’a défié comme personne d’autre. Il n’y a jamais eu d’agression de sa part, mais il m’a fallu me battre à tous les niveaux pour le surpasser pour le titre."

L’Autrichien révèle qu’il a eu aussi recours à des astuces pour déstabiliser le Français. Et, parfois, le hasard fait bien les choses...

"J’en utilisais tout le temps, tout le temps... Prost se rongeait toujours les ongles. Je l’ai observé et j’ai fait attention à chaque détail. En le saluant le matin, je l’ai toujours bien regardé dans les yeux afin de savoir s’il avait la forme ou pas, et j’ai toujours essayé de lui faire sentir que j’étais au top de ma forme. Et il était très souvent nerveux... ce que j’ai exploité, et la plupart du temps j’ai gagné les courses. Mais parfois c’était serré."

"Un soir, avant une course, j’ai invité à dîner une dame très intéressante. Je me suis autorisé exactement une heure avec elle, de 20 à 21 heures, pas plus. Il était très important pour moi d’être très bien préparé pour la course. Le matin suivant, j’ai vraiment eu mauvaise conscience et j’ai sérieusement cru que le bon Dieu allait me punir et que le championnat était perdu. Mais Prost est alors arrivé avec un large sourire et m’a raconté avec une grande franchise son aventure nocturne en compagnie d’une noble originaire de Monaco. Je me suis dit intérieurement – oui oui, Dieu Merci. Mon problème était résolu. J’ai finalement gagné."

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