McLaren développait une voiture trop rapide en soufflerie en 2012

Il faut parfois de la chance pour ne pas être trop performant !

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9 août 2013 - 14:35
McLaren développait une voiture (...)

Autant il n’est pas rare de voir des écuries avouer que leur voiture est ratée, autant il est plus rare de les voir déclarer que leur voiture était… trop performante ! C’est pourtant ce que Martin Whitmarsh a déclaré dans une interview donnée à Autosport concernant la monoplace de l’an dernier.

« Nous avons perdu le contrôle de l’ensemble de la structure aérodynamique » reconnaît le directeur de McLaren. « La tendance dans le département aéro est d’avoir des personnes travaillant sur les ailerons avant et arrière, sur le diffuseur, les pontons etc. Il y a plus de compartimentation que ce que nous voudrions, et il faut organiser des synthèses pour être sûr qu’il y a une synergie et une cohérence entre tous les éléments. Je n’accuse pas un élément en particulier, nous n’avons juste pas tout fait fonctionner ensemble ».

Whitmarsh explique qu’il faut aussi être chanceux pour tout faire fonctionner ensemble et que, s’il est souvent difficile d’expliquer l’échec de certaines évolutions, il est aussi délicat d’identifier les raisons d’une réussite.

« Par moments tout fonctionnait et on ne savait pas pourquoi. A la fin de l’année dernière, certaines améliorations étaient trop performantes. Nous savons qu’il y a une raison à cela : nous cherchons toujours un rapport précis entre soufflerie et informatique, et il y a toujours un écart entre les deux, nous y travaillons ».

C’est pour cela que les résultats des évolutions, une fois en piste, surprennent en bien ou en mal une équipe, n’ayant pas réussi à en prévoir les effets précis.

« Le niveau d’analyse n’est jamais parfait. A la fin de l’année dernière, nous avions littéralement trop de performances en piste » explique l’Anglais. « Une autre donnée a compliqué la situation, c’est le fait que notre voiture était meilleure que le modèle dans la soufflerie. Au début de cette année en revanche, nous étions moins performants que dans la soufflerie ».

« Plus nous approchons de la saison, plus la pression est grande sur chaque département d’ingénierie pour trouver de la performance. Dans le cas de l’aérodynamique, nous trouvions de l’appui aux dépens de la performance. Nous avons fini par avoir des chiffres raisonnables en termes de performances mais dans le même temps nous avions encore plus de sensibilité en termes d’équilibre ».

La recherche de performances n’est pas sans avoir d’effets sur le reste des domaines, à commencer par le comportement d’une monoplace. « A mesure que nous cherchions de la performance, la voiture était de plus en plus raide et de plus en plus basse. Elle était très peu confortable à conduire » reconnaît Whitmarsh.

« Je pense que nous avions perdu le lien entre l’équipe de développement aérodynamique sur la piste et celui des recherches aérodynamiques à l’usine. A la fois par leurs rapports, par leur évolution, leur manque d’assiduité, ils étaient plus faibles que ce que nous voulions. Nous avons tous reconnu qu’il fallait que ça change ».

« Chaque semaine nous étudions les différentes options aéro et nous prenons des décisions, et nous n’avions pas assez de données du ‘vrai monde’ des aérodynamiciens et des ingénieurs en termes de performances utilisables. Avant la saison, tout le monde avait la pression pour apporter de l’appui. Ils l’ont fait, mais les performances aérodynamiques qu’ils délivraient étaient très dur à reporter sur la piste ».

Martin Whitmarsh n’hésite pas à reprendre son équipe en main lorsqu’il y a du laisser-aller, et ces soucis n’ont pas fait exception à la règle.

« Je comprends les pressions qui ont causé cela. Je pense aussi qu’il faut renforcer le contrôle des sous-divisions aérodynamiques pour être sûrs d’avoir un ensemble qui va dans la bonne direction plutôt que d’espérer que tout fonctionne ensemble ».

Ces remises à plat de l’organisation suffiront-elles à ne pas reproduire les mêmes erreurs et donc à ne pas rencontrer les mêmes problèmes l’année prochaine ?

« Je suis confiant, mais personne ne peut être confiant sur le fait qu’on aura assurément de bonnes performances l’année prochaine. Qu’est-ce qu’une référence en termes de compétitivité ? Qui va faire la meilleure avancée ? Je pense que l’an prochain nous auront de plus grands écarts de performances au début de l’année prochaine ».

« Certains auront trop de performance. Ce n’est pas uniquement à propos d’un bon jugement et de bonnes décisions. On peut s’en féliciter quand on est compétitif, mais des fois on a de la chance d’y arriver. Tout le monde sera enthousiasmé, prudent et intéressé par ce qui se produira l’an prochain. Nous aurons un changement significatif des règles et il y aura de grandes disparités entre les performances des monoplaces et entre leurs designs ».

Une chose est sûre pour Whitmarsh, 2014 sera la grande inconnue, et « personne ne se sentira à l’aise à l’entame de la saison ».

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