Stewart plaide pour la sécurité maximale en Formule 1

Il trouve le report du Halo regrettable

Par Franck Drui

25 août 2016 - 13:30
Stewart plaide pour la sécurité (...)

La sécurité en Formule 1 est un débat permanent. Beaucoup dans le paddock estiment qu’on en a trop fait et qu’en conséquence, la Formule 1 s’est vue dénaturée. Mais d´autres pensent au contraire qu´il faut continuer à rendre la catégorie reine encore plus sûre, et l´ancien pilote et directeur d´écurie Jackie Stewart fait partie de ceux-là.

L´Ecossais affirme ainsi être contre le report du Halo décidé dernièrement, et il tient à mettre les hautes instances en garde : selon lui, une grosse catastrophe est à prévoir.

« Beaucoup disent que ce sport n´est plus le même qu´avant. Mais les risques sont les mêmes. C´est triste, mais je pense qu´il n´y aura pas seulement un, mais deux cas d´accidents mortels avant que les gens comprennent. »

Pour étayer son argumentation, l´homme de 77 ans prend en exemple le dernier cas de décès de pilote dû à un accident en Formule 1 : Jules Bianchi. Ce que beaucoup ont vu comme de la malchance dans cet accident (une grue en intervention sur la sortie de piste d’Adrian Sutil) est un autre indicateur pour Stewart, qui pense que les pilotes actuels sous-estiment complètement les risques.

L´Écossais maintient que même si personne n´a envie de le reconnaître, « l´accident est en grande partie de la faute de Bianchi : il y a eu deux drapeaux jaunes, ce qui veut dire rouler tout en étant prêt à s´arrêter à tout moment. Mais il a voulu tirer un avantage de la situation et il n´a pas ralenti. »

De cet exemple, Stewart tire un constat sur un des plus grands problèmes de sécurité actuelle : « les pilotes se sentent trop en sécurité. Leur plus grande peur n´est pas de mourir, mais de perdre leur baquet. »

Une autre raison invoquée par l´Écossais est que les pilotes évitent toute confrontation à la mort et c´est pour cela que le danger n´est plus très présent dans leurs esprits. Il révèle que l´an dernier, aucun pilote n´a rendu visite à Jules Bianchi à l´hôpital lors du week-end du Grand Prix de Monaco, alors que la Principauté se trouve juste à côté de la ville de Nice, où le pilote français se trouvait.

« Il ne faut pas occulter le côté sombre de la F1. Quand on se rend à l´hôpital ou qu’on se retrouve à un enterrement, dans ces cas-là, on se pose des questions, du genre "Mon Dieu, ça peut aussi m´arriver à moi ?". Mais quand tu ne connais ni les risques, ni les dangers, tu ne sais pas non plus comment les éviter. Pour moi, les pilotes d´aujourd´hui ont perdu la notion du danger. »

Stewart révèle que quelques pilotes actuels ne portent même plus leurs sous-vêtements ignifugés, car ils font confiance à leurs combinaisons.

« Ils vont revoir leurs opinions seulement quand il y aura un gros incendie, mais ce sera trop tard » redoute-t-il.

L´ancien pilote évoque comment il vivait cette notion de danger, quand il roulait.

« Quand je quittais ma maison pour me rendre sur le Nürburgring, à chaque fois, je me regardais dans le miroir, parce que je ne savais pas si j´allais revenir. Sur ce circuit, la sanction pour une erreur de pilotage sur la Nordschleife pouvait être la mort. Si on dépassait la ligne de seulement un mètre, cela pouvait être fatal. Les pilotes modernes n´ont plus aucune perception de ces choses-là. »

Stewart explique également que le style de vie de la nouvelle génération contribue à les conforter dans leur aveuglement.

« La majorité des pilotes ne sont même pas mariés. Avoir une copine, c´est une chose, mais avoir une femme et des enfants en est une toute autre. Tu dois assumer des responsabilités. S´il y a quelque chose qui peut minimiser les risques, alors tu dois le faire. »

Pour parler ainsi, il faut avoir vécu beaucoup de choses difficiles. Jackie Stewart a lui-même été confronté à plusieurs drames au cours de sa carrière. Il s’est ainsi retrouvé prisonnier de sa voiture lors d´un accident à Spa en 1966, complètement aspergé d´essence. Il était à Monza lors de l´accident mortel de Jochen Rindt en 1970. Mais le pire évènement tragique selon lui est le décès de François Cevert, qu´il considérait comme un membre de sa famille. Le Français s´est tué lors d´une sortie de route pendant les qualifications du Grand Prix des Etats-Unis en 1973.

« Quand je vois un film sur François, je pleure. Et pourtant, cela fait maintenant 42 ans. »

C´est la raison pour laquelle l´ancien pilote plaide pour la sécurité maximale.

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