Whitmarsh : Je peux être viré du jour au lendemain

Le patron de McLaren Mercedes se confie

Par Franck Drui

19 mai 2013 - 11:11
Whitmarsh : Je peux être viré du (...)

Martin Whitmarsh n’a pas écarté la possibilité qu’il perde sa place à la tête de l’équipe McLaren, étant donné les mauvais résultats engrangés cette saison mais aussi depuis 2008, où aucun titre n’est venu récompenser Woking. Partir du jour au lendemain est une possibilité qu’il n’écarte pas et affronte même avec un certain fatalisme.

"J’ai toujours eu une vision assez philosophique à ce sujet. Si quelqu’un est meilleur que moi, prenez-le. Je partirais et je ferais autre chose. Je n’ai pas besoin de ce rôle pour être qui je suis ou réaliser ce que je veux," affirme-t-il au Telegraph.

"Je reste équilibré, c’est ce qui fait de vous quelqu’un de plus fort. Je suis à un poste où des actionnaires peuvent décider du jour au lendemain qu’ils veulent quelqu’un de mieux, qu’ils ne m’aiment plus. Et je suis dehors. C’est une société privée et les actionnaires peuvent même me virer dans l’heure s’ils le veulent. Je serais peut-être choqué pendant quelques heures avant de réaliser que la vie continue."

Whitmarsh ne compte toutefois pas sacrifier tout le restant de sa vie à la Formule 1. "Je pourrais bien me dire un jour que tout cela est stupide. Ma femme et moi avons réussi à passer seulement 5 week-ends ensemble en Angleterre l’année dernière. A un moment, je devrais décider de faire autre chose de ma vie, ou alors la F1 aura défini mon existence entière. Et je ne le veux pas nécessairement."

Le patron de McLaren Mercedes est donc d’un naturel très prudent concernant ce qui pourrait lui arriver si les actionnaires voulaient sa tête.

"J’agis comme si tout pouvait se terminer demain. Ne pas avoir de dette, c’est ce que je dis toujours. Ne pas avoir trop de prêts. Vivre sur une fraction de ce que vous gagnez. Comme cela, si tout part de travers, vous pouvez toujours agir après, avec conviction. Des carrières peuvent se construire en ne faisant aucune erreur mais je serais toujours moi-même, c’est-à-dire faire ce que je pense juste. Ma pensée c’est que s’ils n’aiment pas cela, et bien ainsi soit-il. Je n’étais probablement pas assez bon pour être là sur mon seul talent et j’ai dû ajouter un peu de bravoure."

Whitmarsh admet d’ailleurs qu’il est assez rude parfois. "J’ai pris l’an dernier l’avion qui nous menait du Japon à la Corée avec Martin Brundle, David Coulthard et Heikki Kovalainen. Martin me lance tout à coup que c’est moi qui l’avait viré à l’époque. David rebondit et dit moi aussi... tout comme Heikki Kovalainen. J’ai réalisé que j’avais viré presque tous les pilotes qui étaient dans cet avion avec nous !"

Le sport ne laisse guère de place à une autre attitude. Ainsi McLaren défend une série de 62 arrivées consécutives dans les points. "Si quelqu’un arrête cette série, je serais prêt à le tuer. Voilà pourquoi nous nous battons."

"La F1 est une expérience parfois très dure. Vous passez de héros à zéro très rapidement. Nous avons gagné 186 Grands Prix depuis 1966, plus que n’importe quelle équipe sur cette période. Et depuis que je suis chez McLaren, j’ai vécu plus de 100 victoires. On attend beaucoup de nous mêmes alors si les autres nous critiquent, cela nous rend encore plus déterminés. Je n’aime pas aborder une course sans croire que nous pouvons vraiment la gagner. C’est pour cela que je fais du sport automobile. Ce n’est donc pas une situation confortable à l’heure actuelle mais cela accroit ma détermination."

"Je suis un vrai compétiteur, ce qui fait de moi un mauvais patron. Je mets l’accent sur la compétition pour couvrir mes autres déficiences," admet-il pour conclure.

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