Wurz : La sécurité, oui, mais pas à n’importe quel prix

Retour sur les fondements du sport automobile

Par Franck Drui

13 août 2017 - 13:30
Wurz : La sécurité, oui, mais pas (...)

La question de la sécurité en Formule 1 reste un sujet très débattu ces dernières années même si le sport est devenu bien moins dangereux qu’il y a encore deux ou trois décennies.

Alors que la sécurité est essentielle et inhérente à la survie du sport, elle est aussi celle qui, selon beaucoup d’observateurs, le facteur qui peut causer la perte de la catégorie reine si elle est poussée trop loin.

Le président du GPDA, Alexander Wurz, est quant à lui convaincu que la sécurité doit continuer à se développer et à innover, mais sous certaines conditions...

"Cela ne va pas me rendre populaire, mais je le dis quand même : j’espère que la Formule 1 ne sortira pas de la direction qu’elle a prise depuis plus de 30 ans," lance-t-il à Motorsport-Magazin.

"C’est-à-dire la sécurité en premier, sans influencer la performance sur la piste. Si nous cessons de développer les voitures, alors les organisateurs, la FIA, les propriétaires des droits du sport ne pourront jamais faire en sorte que les voitures deviennent plus rapides et plus agressives. La popularité a augmenté ces 30 - 40 dernières années, les temps au tour sont devenus de plus en plus rapides bien que le règlement a essayé chaque année d’assagir les voitures."

Pour l’Autrichien, la sécurité n’est en rien responsable du manque de spectacle parfois constaté ces dernières années.

"La sécurité a été jusqu’à récemment l’argument de vente essentiel de la Formule 1. Nous avons vendu le fait fascinant que l’on peut rentrer dans un mur à 300 km/h et sortir de la voiture indemne. Jusqu’il y a 2 ou 3 ans, lorsque la Formule 1 connaissait toujours une croissance, le fait que - le sport est trop sûr et que c’est la raison pour laquelle la Formule 1 est mauvaise - n’a jamais été discuté. C’est seulement venu sur la table récemment parce que la Formule 1 s’est enfoncée dans une crise. Mais ce n’est pas parce que nous avons rendu les voitures plus sûres. La sécurité n’a jamais fait du tort à la popularité du sport, bien au contraire."

Alors que la FIA a été récemment critiquée à nouveau pour sa décision d’introduire le Halo à partir de la saison 2018, Wurz rappelle le rôle fondamental de cette organisation.

"En ce qui concerne la voiture en elle-même, la cellule de sécurité – c’est extrêmement important. Parce que sinon, nous tuerions des pilotes et alors le sport automobile serait interdit dans certains pays, et peut-être même interdit de manière globale. Hélas, cela se passe ainsi de nos jours. La FIA a été fondée car des pilotes et des spectateurs ont été tués lors de la première course entre l’Angleterre et l’Espagne. Alors les gouvernements ont dit que le sport automobile n’avait plus le droit d’avoir lieu, car il n’était pas réglementé et qu’il n’y avait pas de consignes de sécurité claires. C’est pourquoi la FIA a été finalement fondée."

"Aujourd’hui, on ne peut s’y soustraire. Je trouve le point de vue qui prétend que le sport automobile doit être automatiquement dangereux absolument faux. Non, le sport automobile doit être super captivant, et alors les gens le suivent. Ce qui contribue à l’excitation, c’est de voir un pilote parfois taper dans un mur. Mais il doit alors sortir sain et sauf de la voiture, parce que nous vivons des émotions éprouvées du fait que ce pilote a perdu la course. Mais nous ne vivons pas de l’émotion de savoir s’il est indemne ou s’il est devenu paraplégique. Ça, c’est schizophrène, aucun sponsor ne se joindrait au sport, ça ne marcherait pas du tout. Aucun gouvernement, aucun organisateur n’accepterait ça."

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