Spa 2004 : Quand McLaren remporte son pari (partie 2)

Et Michael Schumacher son 7è titre mondial

Par Camille Komaël

18 août 2013 - 19:38
Spa 2004 : Quand McLaren remporte (...)

Dimanche matin à Spa, seulement 10 % de risques de pluie. Pendant que Fernando Alonso confie que son contrat avec Renault se termine à la fin de la saison prochaine et qu’il serait “très fier si Ferrari s’intéressait” à lui, les fans de F1 ont aussi d’autres préoccupations. « Oh non, il va pas pleuvoir, on va s’ennuyer ! », « Dis pas ça, Spa c’est toujours sympa », « Combien on parie qu’il va arriver un truc à Barrichello pour que Schumacher soit champion ? », « En tout cas, Schumacher, il ferait bien de se méfier, y a Liuzzi qui arrive et qui a tout déchiré en F3000 !! ».

Mais au moment où les cinq feux s’allument, les conversations se taisent et tout le monde retient son souffle. Un feu, Trulli va-t-il conserver son avantage ? Deux feux, Barrichello va-t-il "caler" ? Trois feux, qui va s’accrocher à la Source ? Quatre feux, les McLaren vont-elles finir la course ? Cinq feux... go !

Mauvais départ de Michael Schumacher qui voit filer Alonso et Coulthard devant lui, en plus de Trulli qui lui s’est très bien élancé. Derrière, ça se touche. Massa et Räikkönen entrent en contact et le Brésilien perd son aileron avant. Il n’est pas le seul à connaître une telle mésaventure puisque, juste à côté de lui, Mark Webber rentre dans la Ferrari de Barrichello et laisse également son aileron avant au virage de la Source. Jamais deux sans trois dit-on, et cet adage est vérifié : Nick Heidfeld est le troisième larron à perdre son aileron avant dans le chaos du premier virage.

Chaos au premier virage croyait-on ? Ce n’est rien comparé à ce qui suit. En haut du Raidillon, Mark Webber et Takuma Sato s’accrochent à grande vitesse. La BAR-Honda du Japonais, devenue incontrôlable, erre sur la piste, semant la pagaille dans le peloton. Pensant probablement être utile en le poussant un coup (ou pas…), Zsolt Baumgartner envoie son coéquipier Bruni dans les pneus, alors que Pantano ne peut éviter la Minardi accidentée. Un début d’incendie se déclare et la Safety Car entre immédiatement en action.

Juan Pablo Montoya, qui doublait Sato et Webber au moment de l’accrochage, l’a échappé belle ! Dans les stands, pendant que Maylander savoure ses quelques tours en tête (comprenons-le, il n’en avait plus eu l’occasion depuis Silverstone début juillet), les mécaniciens s’activent et Button, Massa, Barrichello, Heidfeld, Baumgartner, et Panis (également impliqué au premier virage) s’arrêtent pour faire réparer leurs dégâts, plus ou moins sérieux.

A la fin du 4è tour, la voiture de sécurité rentre aux stands et Schumacher est à la dérive : Kimi Räikkönen le double immédiatement et Juan Pablo Montoya fait de même un peu plus tard avec une très belle manœuvre à la chicane de l’arrêt de bus. Il ne faut pas longtemps à Räikkönen pour dépasser son coéquipier Coulthard, et voilà le Finlandais en 3è place.

12è tour, Michelin premier acte

Au 10è tour, Jarno Trulli s’arrête aux stands, laissant l’autre Renault d’Alonso en tête... pour peu de temps car deux tours après, l’Espagnol a une fuite d’huile et part en tête à queue, permettant à… Kimi Räikkönen de prendre la tête. Alonso rejoint la piste mais sa voiture se met de nouveau en tête à queue quelques virages plus loin et le pilote Renault est contraint à l’abandon. Ce même tour, David Coulthard est victime d’une crevaison mais parvient à rejoindre le stand McLaren.

Michael Schumacher parvient à dépasser Montoya dans les stands et Trulli sur la piste. Derrière, Fisichella a envie de voir si l’herbe est plus verte ailleurs et part faire un tour dans le gazon : son aileron avant cassé lui indique qu’il aurait mieux fait de rester sur la piste, finalement.

Montoya s’impatiente derrière Trulli et tente un remake de son dépassement à la chicane de l’arrêt de bus : cette fois, ça ne passe pas et le Colombien envoie l’Italien en tête à queue. Pizzonia se frotte les mains et en profite pour grimper à la 4è place.

On ne s’ennuie pas une seule seconde et les dépassements s’enchaînent, probablement aussi grâce à l’aileron avant abîmé sur la Sauber de Fisichella : Barrichello et Button le passent coup sur coup.

31è tour, Michelin deuxième acte... en attendant le troisième

Alors qu’il prend un tour à Zsolt Baumgartner, Jenson Button est victime d’une crevaison à 330 km/h. Sa BAR-Honda lui échappe logiquement et vient percuter la Minardi du Hongrois, qui a dû se demander ce qui lui arrivait. La voiture de sécurité fait une nouvelle apparition pendant qu’on s’interroge sur la fiabilité des pneus français.

Troisième sous la Safety Car, la Williams d’Antonio Pizzonia a la boîte de vitesse cassée, contraignant le Brésilien à l’abandon. Lui qui remplace Marc Gene, qui lui-même remplaçait Ralf Schumacher, blessé aux vertèbres à Indianapolis, voit la seule chance de podium de sa carrière lui échapper et il a les larmes aux yeux au bord du circuit.

C’est à 8 tours du but qu’a lieu la troisième et dernière crevaison, sur la Williams de Montoya : le Colombien abandonne. Le Grand Prix n’est pas terminé et David Coulthard rentre dans la Jaguar de Christian Klien, allant au passage tondre un peu de gazon sur les bords de la piste et se servant intelligemment de son aileron arrière : celui-ci accueille en effet les débris de son aileron avant…

Bernd Maylander est une dernière fois sollicité – décidément, tout va par trois sur ce GP – pendant que les mécaniciens de McLaren se transforment en jardiniers et tentent d’enlever le plus d’herbe possible sur la voiture de Coulthard.

McLaren et Räikkönen tiennent bon

Quand la voiture de sécurité s’efface, il ne reste que 3 tours à Michael Schumacher pour tenter de doubler Kimi Räikkönen et s’imposer… et détendre Bob McKenzie – notre journaliste parieur – qui doit se ronger les ongles. Toyota est en route vers le meilleur résultat de sa carrière avec Ricardo Zonta en quatrième position, quand le moteur de sa voiture casse, laissant le Brésilien et toute son équipe extrêmement déçus.

Jamais Michael Schumacher ne parvient à inquiéter Räikkönen et le Finlandais s’impose en Belgique. Barrichello est 3è devant Massa, alors que leur course semblait terminée après leurs incidents du premier virage. Fisichella, Klien, Coulthard et Panis terminent aussi dans les points, lors d’un GP qui n’aura vu que 9 voitures rallier l’arrivée (Trulli étant le seul sans point).

C’est la seule victoire de McLaren en 2004, mais une de trop pour McKenzie, qui se verra rappeler son pari par Ron Dennis. Le journaliste britannique honorera sa promesse et c’est à Silverstone, en 2005, qu’il effectue un tour du circuit (presque) tout nu et complètement maquillé.

La deuxième place suffit à Michael Schumacher pour décrocher son septième titre mondial : sur le moment, on se demande quand se terminera cette incroyable série, sans savoir que c’est justement là, maintenant, que l’Allemand décroche son dernier titre mondial.

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