Jenson Button, comme un cygne

Un style fluide en surface, mais...

Par Franck Drui

22 avril 2016 - 16:08
Jenson Button, comme un cygne

Avec ses 36 ans mais aussi 15 victoires, 50 podiums et le titre de champion du monde 2009 à son palmarès, Jenson Button fait figure de vétéran dans le paddock. Le virus de la course ? Il l’attrape à 7 ans, quand son père John lui achète un karting. Mais rapidement, faire des ronds dans le jardin familial ne suffit plus à Jenson : il a la compétition dans le sang et veut se mesurer aux autres.

« Piloter une voiture à tombeau ouvert n’est pas ce qui me motive, explique ainsi le Britannique. Ce n’est pas la raison pour laquelle je cours encore en Formule 1 après 17 ans. C’est la lutte roue contre roue dans le feu de l’action, quand on se bouscule pour une position. C’est ça que j’aime. C’est la chose la plus importante pour moi. »

« J’ai tout de suite accroché. Ça peut paraître étrange, mais je ne tire pas tant de plaisir que ça à employer ma force physique pour piloter la voiture, et je ne trouve d’ailleurs pas que ce soit si exigeant. Je prends part à des triathlons pour explorer les limites de mon corps, et la course automobile n’est finalement que de la course à mes yeux. Je pilote parce que je veux battre tous les autres. »

« On court pour gagner parce que la sensation de franchir la ligne en premier est extraordinaire, surtout quand il vous a fallu dépasser de nombreux concurrents pour y parvenir, comme par exemple au Canada en 2011. C’est vraiment particulier de se dire qu’on vient de battre les meilleurs pilotes au monde. »

Si la victoire est grisante, impossible néanmoins de monter sur la plus haute marche du podium tous les week-ends. Parfois, la « beauté du geste » suffit.

« Nous voulons tous gagner, mais la victoire n’est pas obligatoire pour ressentir la satisfaction de battre un autre pilote. De plus, on a toujours son coéquipier à devancer. Même quand on n’est pas aux avant-postes, sortir un beau dépassement - planifié plusieurs virages à l’avance - est toujours gratifiant. »

« Mais je ne prends rien pour acquis car c’est un privilège de pouvoir faire ce que je fais. Et si je suis toujours là, c’est grâce à un gros travail. Il n’y a ni secret ni raccourci : si vous voulez être le meilleur, il faut tout donner, tout le temps. »

Et pour y parvenir, chacun a ses propres atouts, parfois cachés aux yeux des spectateurs. Mais les ingénieurs ne s’y trompent pas : si un Lewis Hamilton a tendance à se cramponner vigoureusement à son volant et corriger fréquemment sa trajectoire avec ses mains, Button a un style radicalement différent.

« Jenson est comme un cygne, avance son ingénieur de course chez McLaren-Honda, Tom Stallard. Il est très doux avec ses mains et c’est ce qu’on peut voir en surface à la télévision, mais ses pieds travaillent frénétiquement. Il s’en sert bien plus que les autres pilotes pour équilibrer sa voiture, et il semble le faire sans effort. »

« On a pu voir un exemple frappant de son travail lors du tour de qualification qui lui a permis de signer la pole position à Spa en 2012. En regardant ses mains, on aurait pu croire qu’il se baladait en voiture un samedi après-midi, mais ses pieds étaient partout sur les pédales, modulant sans cesse l’appui sur le frein et l’accélérateur. Le résultat ? La pole position. »

Cette propension à utiliser ses pieds le plus naturellement du monde - il n’est pas rare que Button passe de véritables « appels téléphoniques » à son équipe pour discuter stratégie pendant qu’il pilote à 300 km/h - et sa faculté à s’adapter permettent au Britannique d’interpréter à merveille les informations que lui renvoient ses trains avant et arrière. Ainsi, il est passé maître dans l’art du pilotage en conditions variables.

« J’apprécie le changement de comportement de la voiture au fil d’une course, reprend Button. Au fur et à mesure que le réservoir se vide et que l’adhérence des pneus diminue, il faut procéder différemment et je pense que c’est l’une de mes principales forces. Ça pourrait aussi expliquer pourquoi je suis particulièrement bon quand les conditions sont changeantes. Ça n’entre pas vraiment en jeu lors des qualifications parce que la voiture est plus ou moins la même sur la totalité du tour. »

Et après 17 années en Formule 1 faites de hauts et de bas, le feu sacré brûle toujours et le constat est simple pour le pilote anglais : « j’adore la compétition. Sans ça, je ne serais pas là. »

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