L’ingénieur doit informer mais aussi calmer le pilote

Un rôle crucial

Par Camille Komaël

18 août 2013 - 08:35
L'ingénieur doit informer (...)

Il n’est pas rare d’entendre à la radio d’un pilote son ingénieur lui ordonner d’attaquer, sous forme d’encouragements à base de "Push, push, push !". Andrew Shovlin, ingénieur de course chez Mercedes, n’est pas sûr que ce soit très utile en général, car les pilotes savent bien qu’ils doivent attaquer. "On voit beaucoup de gens qui disent aux pilotes d’attaquer. Ok, c’est la course, ils savent qu’ils doivent aller vite. Certains répondent bien mais pour d’autres ça ne les fait pas aller plus vite. Chaque pilote est différent dans sa réaction à ça."

Cependant, le Britannique reconnaît qu’il y a des exceptions, des moments où il faut attaquer plus particulièrement, et où ces encouragements sont donc nécessaires pour faire prendre conscience au pilote que quelques dixièmes vont faire la différence. "Mais il y a des moments dans la course où si vous pouvez trouver deux dixièmes pendant trois tours, ça signifie que vous serez devant l’autre gars, et que vous finirez une place plus haut."

Le cas le plus courant est, en course, quand deux pilotes luttent pour une position et que cela se joue dans les stands : quelques dixièmes de gagnés sur un tour de sortie des stands peuvent alors faire gagner une place. "La chose la plus frustrante, c’est s’ils sont dans la ligne droite et que quelqu’un sort d’un coup des stands cinq mètres devant eux, alors qu’ils pensent qu’ils auraient pu être devant."

"Quand quelqu’un est dans les stands, vous dites à votre pilote d’utiliser tout le KERS dans la principale ligne droite si vous pensez que ça va être serré, parce que c’est frustrant si on le savait et qu’on aurait pu gagner une place. Il faut s’assurer que cette information cruciale parvienne au pilote, comme ça, si jamais on se fait battre, on sait qu’on a tout fait pour l’empêcher", explique Shovlin concernant ce moment de la course.

Ne pas paniquer

Andrew Shovlin précise que, sur le muret des stands, tout le monde doit pouvoir garder son calme, afin de le transmettre au pilote, qui peut devenir anxieux à cause de faits de course, ou tout simplement car la voiture ne fonctionne pas comme souhaité. "Les pilotes peuvent paniquer un peu parce que c’est plus stressant pour eux dans la voiture, ce sont eux qui doivent la qualifier et faire la course. Si la voiture n’est pas dans le rythme et que vous êtes un peu perdu dans les réglages, que vous n’arrivez pas à trouver le bon équilibre, le pilote peut être un peu nerveux."

"Le rôle de l’ingénieur est de le calmer et de ne pas paniquer lui-même. C’est en fait une des tâches les plus difficiles de l’ingénieur. Quand vous avez une voiture rapide bien équilibrée qui n’arrête pas d’être en pole, c’est assez facile. Mais quand vous avez une voiture difficile c’est bien plus compliqué et c’est plus dur de donner du sens aux essais parce que la voiture n’est pas constante dans son comportement", continue-t-il.

La course a ses imprévus et l’ingénieur doit permettre au pilote de se concentrer de nouveau sur la course après un incident, et ne pas se laisser décourager ou énerver par ce fait de course. "Si vous avez un incident en course et chutez dans le classement, c’est le boulot de l’ingénieur de concentrer de nouveau le pilote. Peut-être que vous visiez le podium mais d’un seul coup vous êtes 10è."

"Chaque course, vous voulez marquer le plus de points possible, et des choses arrivent qui font que soudainement ce n’est pas ce que vous vouliez. Vous avez une crevaison et vous devez changer de plan et sauver ce qui est possible", dit Shovlin, qui a une grande expérience en la matière.

Mercedes connaît en effet cette situation et l’a vécue récemment lors du Grand Prix de Grande-Bretagne avec Lewis Hamilton, qui menait la course jusqu’à ce qu’une crevaison lui enlève toute chance de victoire. "Prenez la situation de Lewis à Silverstone : il était en tête et d’un seul coup il se retrouve au fond et n’a aucune idée d’où il peut finir. Un pilote dans cette situation ne peut pas savoir s’il va finir 17è ou s’il peut finir 5è."

L’ingénieur doit donc toujours informer son pilote de l’objectif à atteindre, et le placer le plus haut possible pour garder la motivation du pilote intacte. "Ils veulent savoir ce qu’ils peuvent viser : s’ils ne le savent pas, c’est difficile pour eux d’être engagé à 100 %. Si vous dites à un pilote que le mieux qu’il puisse faire est la 17ème place, alors il ne sera pas aussi motivé que si vous lui dites qu’il peut revenir 4ème ou 5ème."

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