Un calendrier à 25 courses comporterait avantages et inconvénients

Hormis le risque financier, c’est plutôt attirant

Par Emmanuel Touzot

27 août 2017 - 10:53
Un calendrier à 25 courses comporterait

Liberty Media a démarré une mue de la Formule 1 depuis son rachat en début d’année et l’un des dossiers principaux auxquels les Américains veulent s’attaquer est le calendrier qui, selon eux, n’est pas forcément bien agencé et coûte beaucoup d’argent et d’énergie aux équipes et à leurs membres avec 20 courses.

L’idée pour eux serait de passer à 25 courses par an et de les agencer par zone géographique, en regroupant les manches asiatiques d’un côté, les courses européennes ensuite et isoler la tournée américaine, afin de limiter les déplacements. Toutefois, il faudrait accepter des enchaînements plus nombreux de courses et accepter un tel nombre de courses.

"Si l’on regarde le calendrier de la saison prochaine, nous avons un enchaînement de trois courses suivi, deux semaines plus tard, par deux courses de suite, donc selon moi le calendrier est à son point de saturation" explique Christian Horner. "Je pense que 21 courses sont l’absolue limite et qu’au delà, je pense qu’on tire trop sur la corde des ingénieurs et des équipes, ainsi que du personnel qui voyage".

"Sinon, il faut opérer en rotations et si l’on part dans cette direction, les coûts deviendront exponentiels car il faudra une force opérationnelle bien plus importante. Evidemment, tout est possible mais tout a un prix et il en serait largement augmenté".

Pour Horner, il est préférable de faire un choix plutôt que d’accepter toutes les candidatures : "Je préfère choisir parmi les courses qui sont moins rentables ou moins bonnes et les remplacer par de meilleures pour avoir une compétition sur un championnat plus limité que sur 25 courses".

Günther Steiner ne refuse pas en bloc cette possibilité mais assure qu’il faudrait faire de nombreux aménagements pour pouvoir envisager une saison aussi longue, que ce soit sur le format de la saison ou des courses.

"Cela a du sens sur le plan économique, de la manière dont Chase Carey veut le faire, et je pense que ça peut être fait" explique Steiner. "Je pense qu’il faudrait à la fois que la saison soit plus longue et à la fois qu’elle comporte plus d’enchaînements de courses car sinon, on n’aurait que des courses qui se suivraient et ce n’est pas possible".

"Peut-être qu’il faudrait raccourcir les week-ends et le temps de montage des garages par exemple, et contrôler tout cela. Pour le moment, Chase en parle mais n’a jamais amené l’idée devant le Groupe Stratégie. Je pense qu’il en parlera d’abord afin d’avoir des réponses au sujet de ce que peuvent faire les équipes et de ce qu’elles ne peuvent pas faire".

"Il ne va pas organiser quelque chose qu’on ne pourra finalement pas faire. Je pense que c’est un plan mais je pense qu’il y a de nombreuses manières de le faire et une manière de ne pas le faire. L’une des manières serait de faire une saison plus longue avec des week-ends plus courts, mais il faut d’abord qu’il vienne en parler car il faut qu’on sache ce qu’il se passera si ça coûte de l’argent et si aucun revenu ne rentre".

Cyril Abiteboul rejoint l’avis selon lequel 25 courses feraient une trop longue saison : "Je pense qu’il s’agit de qualité et non de quantité et je me concentrerais plutôt sur la qualité que la quantité. Je pense que nous avons besoin de courses iconiques, de courses fabuleuses et de quelque chose qui créé une attente. En regardant dans le passé, on voit qu’il n’y a pas besoin d’avoir beaucoup de courses pour rendre la F1 populaire donc c’est ma réponse, en plus du fait qu’il ne faut pas sous-estimer le facteur économique".

La saturation dont les trois hommes parlent pourrait aussi s’appliquer au public, c’est en tout cas la crainte des directeurs d’équipe qui se demandent si le public aura l’envie et le temps de se consacrer sur autant de manches.

"Il faut reconnaître que c’est à double tranchant" poursuit Steiner. "Certaines personnes veulent plus de courses, d’autres veulent rester au nombre actuel et enfin, d’autres en veulent moins. Je pense que l’avantage d’en avoir beaucoup, c’est de pouvoir décider si l’on regarde ou non. S’il manque des courses, vous ne pouvez pas faire de choix".

Quant à lui, Christian Horner craint que ce changement n’amène que de la confusion aux spectateurs : "Je ne peux déjà pas me rappeler ce qu’il s’est passé en début de saison, imaginez si l’on monte à 25 courses. C’est comme un bon livre, on peut en faire un avec de très bons chapitres mais il peut aussi y avoir de moins bons passages alors que certains vous scotcheront, mais on atteint un point où l’on peut en faire trop. Je pense que comme le disait Cyril, il faut choisir les meilleurs événements et les promouvoir afin d’avoir plus de qualité que de quantité".

"Je veux juste ajouter que nous devons être prudents" reconnaît Abiteboul. "Nous n’atteindrons jamais le nombre d’événements annuels de sports américains tels que la Nascar ou la NBA. Ce sont des centaines de matchs pour cette dernière donc passer de 21 à 25 n’aura pas un impact sur le profil de la F1. Cela reste assez limité et je ne pense vraiment pas qu’il faudrait travailler sur la quantité mais bien sur la qualité".

Enfin, ce sont bien les pilotes qui pourraient avoir leur mot à dire dans cette décision puisque l’allongement de la saison leur donnerait forcément plus de difficultés physiques, même si les voyages sont limités par le regroupement de courses par zones géographiques.

"Je ne connais aucun sportif qui n’a pas besoin de repos mais je n’ai pas l’impression qu’ils soient particulièrement fatigués après un enchaînement de deux courses" assène Abiteboul. "Cela ne fera pas une grande différence mais comme toujours, je pense que chaque personne qui travaille en F1 a une motivation énorme pour réussir le meilleur en termes de performances sportives".

Quant à Christian Horner, il préfère justifier la facilité d’adaptation par leur âge : "La plupart de ces gars ont 20 ou 30 ans et la plupart d’entre eux touche plusieurs millions d’euros pour piloter les meilleures voitures du monde, 21 week-ends par an. Je n’ai pas l’impression que ce soit horrible. Ils ne font plus d’essais donc il y a moins d’exigences envers les pilotes, en comparaison avec celles d’il y a dix ou quinze ans, où ils seraient partis directement d’un Grand Prix pour trois jours d’essais à Jérez avant d’aller sur la course suivante".

"La vie de pilote de Grand Prix est nettement plus concentrée sur la course et ils ont bien plus de temps libre qu’avant, et comme je le dis, on parle de dix ou quinze ans en arrière".

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